L’homme est affable, intarissable sur le sujet. On le devine aussi professionnel qu’il ne l’était à l’époque, avec la chevelure qui est devenue depuis poivre et sel. Roland Fontaine n’a pas tout à fait quitté la région. Il y a laissé un pied en Belgique à Mouscron. Il navigue entre la Normandie et le plat pays où sa maison est à quelque emcablures de ce qui était son lieu de travail à Neuville-en-Ferrain. Chez Rank Xerox (lire l’encadré), le sexagénaire y a passé de nombreuses années avant de connaître la fin douloureuse de l’usine de production neuvilloise qui a fermé ses portes en 1999. Laissant sur le carreau des centaines d’emploi.
Un épisode que le cadre dirigeant de l’époque n’a pas oublié. Loin de là. Mais ce sont les souvenirs, les meilleurs qu’il a souhaité partager et faire partager en créant en début d’année un groupe Facebook « Rank Xerox chez les Ch’tis ». Un groupe qui réunit aujourd’hui une soixante de membres qui évoquent, commentent, postent… sur la page du réseau social sans ce sentiment de regret. « Ce sont des souvenirs qui ressortent, des anecdotes souvent cocasses, de nombreuses photos des uns et des autres. Pour retracer cette aventure humaine, insiste Roland Fontaine. Pour beaucoup, Rank Xerox, c’est une aventure inoubliable. »
De son aveu, il a d’abord hésité à se lancer sur Facebook. Par méconnaissance, par méfiance aussi. Les réseaux sociaux, pas trop son truc comme pour ses anciens collègues. Puis il se décide à franchir le pas, motivé par les nombreux échanges lors des repas annuels avec les anciens. « Quand l’entreprise a fermé, on ne s’est pas revus tout de suite, il a fallu une dizaine d’années. »
Une soixantaine de membres
En 2010, un premier repas est organisé avec une vingtaine de Rank Xerox. L’année suivante, ils sont un peu plus nombreux. En 2012, d’autres anciens viennent grossir les tablées comme en 2013. « Lors de nos rencontres, j’ai constaté que beaucoup de personnes avaient gardé énormément de souvenirs », difficiles à partager uniquement par mail, et uniquement lors de ces rendez-vous.
C’est à ce moment là que Roland Fontaine a décidé de franchir le pas et de créer son groupe Facebook. « Nous avons de bons contributeurs. Je suis tombé sur un gars qui a absolument tout gardé. Aujourd’hui, c’est vrai que je n’ai qu’une soixantaine de membres alors que j’ai 150 adresses mail. » Certains sont encore réticents pour utiliser les réseaux sociaux. Pour d’autres, le bouche à oreille n’a simplement pas encore fonctionné. C’est un peu pour ça que Roland Fontaine en parle. Qu’il rassure aussi, précisant, qu’ouvrier, salarié, dirigeant, se retrouvent sans distinction. « Il y a encore des gens actifs, de jeune retraités. » Tous nostalgiques du temps passé…